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De
1939 à 1945, Etampes et sa région ont connu
les malheurs de toute la France, mais la guerre fut aussi
pour des hommes et des femmes de faire preuve de patriotisme
au sein de la Résistance.
Sous l'occupation
Le château de Morigny est occupé par les Allemands
et la Comtesse de Saint Perrier, propriétaire du château,
ne manque jamais une occasion de faire remarquer à
ses visiteurs, que dans le vestibule pavé d'une mosaïque
gallo-romaine (venant de Sousy la Briche), les petits carrés
de céramique manquants, ont été enlevés
par les bottes ferrées des Nazis.
Derniers
vestiges de l'occupation, des portraits photographiques grands
formats d'Hitler et de Goering, sont restés dans le
grenier du château jusqu'à la mort de la Comtesse.
Le portrait du maréchal de l'Air (Goering) s'expliquait
par le rôle de quartier général de l'aviation
militaire allemande de la Ville d'Etampes
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Château
du bourg de Morigny ayant appartenu à la Comtesse de
Saint-Perrier |
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Actuel château
de Brunehaut devenu institut de rééducation |
Le
château de Brunehaut étant devenu le QG régional
de la Luftwaffe,
commandé par le Général d'armée
Weissmann.
Les derniers temps, ce général n'osait plus
dormir dans le château de Brunehaut et venait passer
des nuits joyeuses à Etampes à l'hôtel
du grand courrier, transformé alors en hostellerie
nazie.
Dans la nuit du grand bombardement du 9 au 10 juin 1944,
qui toucha surtout le quartier St Gilles, le Général
d'Armée Weissmann se réfugie très vite,
dès les premiers lâchers de bombes, dans la
cave du numéro 98 de la rue St Jacques appartenant
à Monsieur Jean Legrand, immeuble qu'occupait le
Tribunal allemand.
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La
Résistance
C'est à Morigny que le premier réseau
se déploya. Charles Sauret, Adjoint au maire
de la commune de Morigny-Champigny demeure à la Montagne.
C'est un sous-officier de carrière à la retraite,
sa position d'adjoint lui permet d'établir de fausses
cartes d'identité et de connaître admirablement
la topographie de sa commune et de ses environs. Il forme
la première équipe prête à tout
pour aider à la libération de notre pays.
Il y avait là, Jules Randon distillateur à
Etampes, Monsieur Martin apiculteur à la Montagne,
Georges Dubreucq employé à la meunerie Poisson
à Morigny-Champigny et Ali un Algérien, berger
à la Montagne. A ses habitants s'ajoutaient Gaspard
Lafouasse et son fils André.
Les 17, 18 et 19 mai 1943 Radio-Londres confirme le signal
de l'opération : le parachutage de containers
avec plus de 2 tonnes d'armes à l'intérieur.
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Grilles
du Château de la Montagne |
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Des
gars culottés
Dès la tombée de la nuit, à la lisère
qui borde le chemin allant de la Montagne à Puiselet-le-Marais
nos hommes sont là avec leur lampe électrique
afin de baliser le terrain pour le pilote de l'avion qui doit
larguer "sa marchandise" à moins d'un kilomètre
où se trouve le château de la Montagne…
bourré d'Allemands !
Les minutes s'écoulent… c'est un "Lysander"
habitué à ces manœuvres qui passent lentement…
en bas, les lampes se sont allumées, dessinant pour
le pilote un triangle, bien petit vu du ciel ! Pourtant, l'aviateur
vise juste et les 6 containers descendent du ciel à
l'heure exacte fixée. A terre, il ne faut pas s'endormir
et la précieuse marchandise est camouflée sous
un tas de ballots de paille, préparé par Ali
à l'angle du château… à quelques
mètres des Allemands ! Le risque est grand, mais comment
peuvent-ils deviner qu'une importante cache d'arme se situe
aussi près d'eux ? Au bout de quelques jours ordre
est donné de répartir les armes aux groupes
destinés à l'action future. Nos hommes se retrouvent
de nouveau pour un "travail" dangereux, charger
les containers dans la camionnette de Gaspard Lafouasse, containers
qui seront emmenés sans incident, chez Monsieur Martin
à la Montagne…
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derrière
la végétation le château de la Montagne
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ancienne
mairie abritant désormais la police municipale et le
CCAS
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La
Gestapo à la Mairie de Morigny-Champigny
Puis vint l'arrestation de Pierre Audemard, qui reste une
énigme pour tous ceux qui ont essayé d'en savoir
les causes… Et soudain c'est le drame… le 10 novembre
1943 à 11hoo la Gestapo entre à la mairie de
Morigny et s'empare de Charles Sauret pour le conduire à
la Gendarmerie Allemande d'Etampes… Sur les questions
précises qui lui sont posées, Sauret se rend
compte que les Allemands en savent autant que lui. Alors pour
sauver ses camarades, il donne l'endroit où sont enterrés
deux des containers, au Rucher Martin. Malgré cela,
se sera la prison de Fresne puis Compiègne et la déportation
à Büchenwald. En 1945, souffrant d'une mastoïdite
qui s'envenime chaque jour, une opération sans anesthésie
le sauve au prix d'horribles douleurs. |
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D'autres
ont eu moins de chance. C'est d'une balle dans la nuque que
fut abattu Monsieur Jousse de Bonvilliers, pionnier de l'aviation,
qui avait fait en qualité de mécanicien de
l'Arc en Ciel, la première traversée de l'Atlantique
au côté de Mermoz !
De cette tragédie, il reste une stèle élevée
à la Montagne :
Le 18 mai 1943 - un aviateur Anglais parachuta
des armes et des munitions.
Dix français d'Etampes et de Morigny-Champigny les
enterrèrent dans ces bois.
Six d'entre eux furent déportés en Allemagne.
En mémoire de cet acte de courage, une Anglaise et
leurs amis de Morigny-Champigny élevèrent ce
monument.
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commémoration
du parachutage d'arme et munitions
effectué à la Montagne le 18 mai 1943 |
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tombes
des aviateurs anglo-américains |
Echos
des bombardements de 1944
Dans la nuit du 9 au 10 juin 1944, date du bombardement d'Etampes,
une grave collision se produit entre deux appareils anglo-américains
(un bombardier et un chasseur) au-dessus des bois de Champigny.
Une formidable explosion s'ensuivit, qui fit neuf victimes.
Des fragments d'avion et de corps humains ont été
éparpillés sur des centaines de m², dans
un périmètre situé au-dessus de l'actuel
centre équestre et les champs de la Grange des Noyers.
Ceux qu'on put retrouver furent inhumés au cimetière
de Morigny. Des morceaux de carlingue récupérés
à l'époque sont encore dans certaine famille
et resteront liés à jamais à l'histoire
de notre village. |
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A
Bonvilliers : stelle rappelant que des résistants furents
fusillés sur cette route le 18 août 1944
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Eté
1944
La commune s'associe également à l'œuvre
de libération du territoire par le courage de deux
femmes admirables : Madeleine Dupont institutrice à
l'école de La Montagne de 1941 à 1946 et sa
belle sœur Madame Chauvaux infirmière.
Ces femmes hébergèrent du 1er juillet au 20
août 1944, le lieutenant René Drap avec son poste
émetteur. Toutes deux savaient très bien qu'une
voiture goniométrique allemande sillonnait Etampes
et ses alentours afin de repérer le poste dont les
messages étaient captés par des appareils ennemis,
mais dont la signification chiffrée leur échappait.
Ces deux femmes coururent volontairement les plus grands dangers
et leur vie ne tint longtemps qu'à un fil. Les Allemands
auraient été impitoyables s'ils avaient découvert
le poste clandestin qui leur faisait tant de mal !
Madeleine DUPONT joua également un rôle actif,
dans l'édification du monument de Bonvilliers rappelant
le mitraillage d'un camion de la Résistance sur la
route d'Etampes à Milly la Forêt le 18 août
1944 (groupe de résistants, chargé de mission
par le colonel Rol Tanguy) |
Sources : Dom Fleureau, chanoine Guibourgé, Maxime
Legrand, Michel Billard, Jacky Gelis, Michel Leclerc
Cahiers du Patrimoine, Crédit photos : Gérard
Moneyron.
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